Le bruit, facteur de risque du neurinome de l'acoustique

 

Des auteurs français, canadiens et espagnols ont évalué la relation entre exposition professionnelle ou environnementale au bruit et risque de neurinome de l’acoustique.

 

Une étude cas-témoins a été menée au sein de l’étude INTERPHONE multinationale, dédiée depuis 1999 à l’évaluation de la relation entre utilisation du téléphone portable et risque de survenue de tumeurs (gliomes, méningiomes, neurinomes de l’acoustique et tumeurs de la parotide). Cette étude a recueilli des informations sur les expositions au bruit intense au travail et durant les loisirs.


 

 

L’étude s’est appuyée sur des entretiens en tête-à-tête ou téléphoniques. Elle a porté sur des résidents du Grand Lyon ou d’Ile-de-France, et a inclus les 108 cas de neurinome de l’acoustique identifiés entre le 1er juin 2000 et le 31 août 2003 dans les services hospitaliers participant à l’étude. Chaque cas a été apparié pour l’âge à 5 ans près, le sexe et le lieu de résidence au moment du diagnostic du cas, à 2 témoins choisis sur les listes électorales.

Les questionnaires ont détaillé l’exposition professionnelle au bruit [activités exercées ; dates de début et de fin de ces activités ; sources et types de bruit (continu, intermittent, explosions) ; fréquence d’exposition ; protections mises à disposition et protection portées], ainsi que les expositions environnementales au bruit au cours des activités de loisir et les lieux de vie ayant exposé au bruit plus de 10 années durant (résidence près d’un aéroport, d’une voie ferrée, d’une autoroute).

 

Dans cette population d’étude, 42,6 % des cas et 25,9 % des témoins ont rapporté une exposition au bruit intense, quelle qu’en soit la source, au moins un an avant l’installation des symptômes (p < 0,01).

 

Le fait d’avoir vécu plus de 10 années dans un environnement bruyant n’est pas apparu associé au risque de neurinome de l’acoustique [odds ratio, OR = 0,57  IC à 95 % 0,18-1,80 ;  4 cas (3,7 %) et 13 témoins (6,1 %)].


Après ajustements sur le statut socio-économique, la consommation quotidienne moyenne de cigarettes et la durée d’utilisation du téléphone portable en milieu urbain, l’analyse associe neurinome de l’acoustique et bruit intense (OR = 2,55 IC à 95 % 1,35-4,82). L’association est mise en évidence pour l’exposition au bruit intense au cours des activités de loisir, en particulier en écoutant de la musique à fort volume (OR = 3,88 ; 1,48-10,17), et pour l’exposition au bruit intense au travail (OR = 2,26 ; 1,08-4,72).

 

Le risque de neurinome augmente avec la durée d’exposition (OR ajusté 3,15 (1,07-9,24) ; p < 0,05 pour une durée d’exposition de loisirs de plus de 6 ans). Il varie selon le type de bruit en milieu professionnel, significativement plus élevé pour les bruits intenses continus et les détonations.

 

Cette étude, qui a pris en compte le statut socio-économique, le tabagisme, la durée d’utilisation du téléphone portable en milieu urbain, associe au risque de neurinome de l’acoustique l’exposition au bruit intense, l’association étant particulièrement forte chez les sujets à longues durées d’exposition. L’association au neurinome vaut pour l’exposition professionnelle, mais aussi pour l’exposition environnementale de loisir, notamment à la musique trop forte.


ref:  Hours M et coll. : Can loud noise cause acoustic neuroma ? Analysis of the INTERPHONE study in France. Occup Environ Med, Publication en ligne 15 mars 2009.